La machine à run !!!
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Il y a des
moments jouissifs dans la vie,
Oh, bien sûr, on pense au mariage, à la naissance d’un enfant ou même à son
premier baiser d’amour...
Mais ici non, je parle d’un moment simple et furtif.
Venons en au fait : Je vous relate ma dernière
jouissance.
Je rentre dans le garage de l’importateur Yam pour y déposer ma TDM et
embarquer un V-Max pour une semaine.
Là, ça commence déjà à sentir bon.
En chemin vers l'engin, je passe à côté d’un groupe de policier venant enlever une nouvelle SuperT
«spéciale police» et à qui on explique le fonctionnement du 1200.
Appliqués, ils écoutent avec attention le discours bien rodé du "relation
presse" de chez Yam, mais lorsque Christian me sort la Vmax,
je les sens un peu distraits et même franchement plus qu'intéressés par le gros
4 cylindres.
Et lorsque que je m'apprête à enfourcher la bête bien entourée par les hommes
en bleu, c’est avec un sourire béat que je m'arrête, me ravise en me frappant
le front et me re-dirige vers ma TDM en leur disant:
«heureusement que vous étiez là pour m’y faire penser, j’ai failli oublier de
transférer mon Coyote d’une moto à l’autre car, à mon avis, avec 200 ch entre les jambes, je risque d’en avoir besoin!»
Le voilà ce moment simple, mais tellement jouissif !
LA MACHINE A RUN !
La pression était là, depuis que je savais (et que je faisais savoir;-)) que
j’avais une VMax dans mon calendrier d’essai, les
commentaires de ceux qui avaient déjà eu l’occasion de l’enfourcher étaient
unanimes: une bombe, un monstre, "ça marche plus fort qu'une Hayabusa" me disait-on, etc.
Même mon motociste au tempérament plutôt calme m’avait conseillé qu'en cas de
pluie, il était mieux de continuer ma route à pied.
Dans le style «mise en confiance», il y a mieux !
Partant de là, la départ de chez Yam se fait sur des oeufs. Déjà histoire de ne pas me bourrer devant les keufs
(vu que la bête pèse quand même 310 kg !) et de risquer de m’alléger de 5 000
euros. Yamaha, en effet, n’a pu assurer la VMax
qu'avec une franchise de ce prix.
Vous imaginez mon état d’esprit pendant l’essai, là ?
Mettons de côté pendant quelques instants ces considérations bassement
matérielles pour profiter de la finition simplement ahurissante de cette moto.
Énorme, longue, imposante, la Vmax réussit dès le
départ à humidifier la bouche de beaucoup de motards. En effet, je n'imagine
pas un amateur de deux roues que ne bave pas devant un tel engin.
Le gros 4 cylindres en V claque au ralenti et dès la rotation de quelques
millimètres de la poignée de gaz, le moteur fait entendre sa voix et la moto
vibre sur sa béquille.
Le bruit mécanique donne l'impression d'être face à une moto de course hyper
préparée.
Après quelques kilomètres, la pression retombe, si l’on prend la peine de
rester sous la barre des 4000 tr/min, le 1700cc reste «civilisé», et mis à part
le poids à très petite vitesse, elle se manie sans soucis.
Sans surprise, le passage dans le premier centre urbain amène 3 réflexions :
1) si je continue à me regarder dans toutes les vitrines, je vais me prendre
une bagnole !
2) Purée, il faut que j’avance avant la cuisson de mes jambes et autres
attributs masculin !
3) Comment et pourquoi se fait-il que tout le monde me regarde, m’envie avec
admiration... ?
Petit détail qui tue lorsque l'on met le contact sur la V-max,
sur le second tableau de bord qui se trouve sur le faux réservoir (et qui est
d'ailleurs illisible en roulant), l'écran a cristaux
liquide vous envoie un message d'accueil: "Time to ride - This is V-Max" et lorsque la
récréation est finie et que l'on coupe le moteur: " See
you next time", sympa,
non ?
Après le message d'accueil, le tableau de bord reprend son boulot et il vous
renseigne sur: le rapport engagé et l'heure au centre, à droite : le trip 1 ou
2 et la température d'huile et à gauche: kilométrage total et le niveau du
réservoir. Le compte-tours central que j’ai sous les yeux est surmonté à droite
par un flash faisant office de shift-light, le-dit
flash qui, quand il s’allume, annonce d’une part le rupteur et d’autre part
l’arrêt (momentané) du passage à la vitesse de la lumière!
Ben oui, avec ce genre de monstre entre les jambes (je parle toujours moto, là
;-)), la moindre occasion doublée d’une ligne droite un peu conséquente donne
immédiatement envie d’essorer la poignée de droite.
Enfin, «essorer» est un bien grand mot, disons qu’à partir de la 4ème vitesse
(et il n’y en a que 5), on peut commencer à penser à tourner avec énergie la
poignée de gaz si la route est sèche et bien rectiligne.
Autrement, c’est le run assuré!
Pour les lecteurs moins familier au stunt (et pour
mon père qui corrige mes textes), «un run» est le
terme utilisé pour désigner un patinage de la roue arrière tout en roulant.
Pour 98% des motos, pour en arriver là, il faut serrer plus ou moins fort le
frein avant.
Dans le cas de la Vmax, jusqu’en 3ème (ou 5ème sous
la pluie), pas besoin d’avoir recours au frein avant, les 200 chevaux
disponibles dès 5000 tr/min mettent à mal l’adhérence du boudin de 200 mm.
Heureusement l’empattement de 1 700 mm et la stabilité naturelle de la moto ne
rendent pas cet exercice périlleux.
Sur le sec comme sur le gras, le big V4 démarre le run par une petite glisse de 10 cm à gauche ou à droite
pour se stabiliser et «fumer» son pneu arrière.
Dans le but de vous donnez une idée de la puissance,
j'ai fait un test entre 2 sorties rapprochées (moins de 2 kilomètres) sur le
ring en Allemagne !
Départ à+- 100 km/h, je me cale dans la selle à mini dosseret en 3 ème et mets la patate en gérant le pneu arrière.
Je choisis de me tenir droit, position possible grâce à la protection et à la
largeur de l'ensemble avant (phare-moteur-compteur), 4ème, rupteur, 5 ème et j'arrive à la sortie suivante.
J'aperçois le compteur : 253 km/h, la stabilité de la moto est restée
impeccable et le freinage appuyé pour m'arrêter au stop ne déclenche même pas
l'abs !
Contrairement à son aïeule, la nouvelle Vmax s'est
entourée d'une partie cycle en rapport à sa puissance.
Évidemment,
à ce rythme là, le 18 pouces de l'arrière n'a pas une
espérance de vie très longue, mais il est clair que l'acheteur d'un Vmax n'a normalement pas trop de soucis financiers.
Déjà le prix de départ ( un "peu" moins de
20 000 euros en belgique) est là pour dissuader le
motard lambda. Pensez aussi à l'utilisation énergique de la moto (conso d'au
moins 10 l aux cent), à la faible autonomie et la difficulté de se mouvoir en
ville (chaleur du moteur, empattement, garde au sol de 140 mm). Tous ces éléments
devraient normalement signer l'arrêt de mort de la vente de la moto et
contrarier, c'est le moins que l'on puisse dire, ... son succès
Et bien non, l'amateur de deux roues reste avant tout un passionné et le succès
commercial de la Vmax (ancienne et nouvelle
génération) ne fait que prouver que le rêve reste un vecteur d'achat.