ROADSTER ULTIME ? LE CLUB VMAX A ESSAYÉ LA SUZUKI B-KING

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Oui, vous êtes bien sur le site du club Vmax et vous allez lire un reportage sur la Suzuki B-King… Souvenez vous des essais des premières MT-01 ou HD Street Rod, quand une machine sort de l’ordinaire, fut elle concurrente, le club Vmax s’y intéresse et Suzuki France a accepté de nous prêter une moto d’essai pour 4 jours (une semaine si on voulait…). Nous remercions François Etterle, Directeur Commercial pour leur confiance, le geste est chevaleresque, car au club Vmax ils ne sont pas du tout en terrain conquis et ils savaient que tout le club pouvait rouler dessus !

Et puis le Vmax et nous, c’est comme des vieux couples… Et nous étions curieux de voir ce qu’une machine de cible marketing quasi identique pouvait apporter avec toute l’évolution technologique de ces 20 dernières années.

Pour tout savoir sur la B-King reportez vous à vos magazines moto favoris, nous ne sommes pas des essayeurs professionnels habitués à changer de moto comme de chemise, mais des motards dont certains ont plus de 100000 km en Vmax. Et justement, c’était intéressant de voir le ressenti de passionnés du Vmax, habitués viscéralement à leur machine, face à cette nouveauté, d’autant qu’au club on a de tout, des pères tranquilles comme des burneurs, des amateurs de stock comme des spécialistes tuning…

Au statique

Elle est là, on a mis nos Vmax autour, chacun examine la bête et y va de son commentaire. On peut comparer les formes et les volumes direct avec nos machines et, cerise sur le gâteau, chacun va pouvoir l’essayer, privilège exclusif du club ! Tout ce qui suit, c’est la synthèse de ce que chacun a éprouvé.

 

 

Vue de dessus, c’est hanches larges et grosse poitrine… une monture de caractère ! De face elle n’a pourtant pas l’air d’une féline. Ressemblerait plutôt à un pilier des All Blacks. On dirait qu’elle va se dresser brusquement telle un transformer et te faire un haka… De l’arrière c’est encore différent. Les losanges des longs échappements sont énormes, la font reconnaître au premier coup d’œil et lui donnent sa touche de futurisme. Une personnalité multiple donc, et très tranchée, que certains acceptent et d’autres n’aiment pas du tout… Dommage que le style des clignotants rappelle ceux de la GSR. L’avenir dira si ce style "edge design" vieillira bien.


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Le moteur remplit bien le cadre en alu coulé. On aperçoit la biellette de renvoi d’amortisseur sous la moto.
Le radiateur d'huile très près de la roue avant ne craint pas les descentes de trottoir.

Le moteur est le 1340 issu de l’Hayabusa. Pas du tout mis en valeur, il disparaît dans le cadre et sous l’habillage, tout le contraire du Vmax où c’est d’abord le moteur qui retient l’attention, magnifique cathédrale mécanique. Sur la B-King, son dessin n’a de toute façon pas grand intérêt de l’extérieur, banal 4 cylindres en ligne face à la route. A l’intérieur par contre c’est autre chose, 16 soupapes en titane, alimentation par double papillon, un commandé par la poignée de gaz, le deuxième par la gestion électronique du moteur. Des montées en régime fulgurantes jusqu’à 10500 t/mn, une absence quasi-totale de vibrations (çà aussi on aime ou on n'aime pas). Et du couple, du couple (13 mkg, plus qu'un Vmax, moins qu'une MT-01 mais sur une bien plus grande plage d'utilisation)… Rien ne sert de tirer les régimes et de se fatiguer sur la boite, en pratique tu passes ta 6ème et tu enchaînes traversées d’agglomérations et runs sauvages…

Double disque flottant à étriers radiaux 4 pistons dia 310
Pneu 120/70 x 17
Pots 4 en 1 en 2
Batterie et fusibles facilement accessibles sous une selle qui verrouille à clé.

On voit la structure intérieure du bras oscillant, magnifique pièce d’alu coulé sous pression en 3 parties soudées. Le frein arrière ne sert quasiment à rien. La peinture a été abîmée par les plaques du Moto Tour. Pneu 200/50 x 17.

Les arrières haut perchés nécessitent des platines tarabiscotées pour accrocher les éléments réglementaires à la hauteur légale. Dans le genre on a vu pire. On ne peut pas se brûler aux échappements, bien enrobés de plastique, juste s’y réchauffer un peu les doigts l’hiver.
   
La transmission secondaire : la vraie tare de cette moto aux yeux d’un Vmaxeur, une chaîne ! Même si on sait qu’une chaîne mange moins de puissance qu’un double couple conique hypoïde avec cardan, de la puissance là t’en as à revendre ! Maintenant, si vous ne faites que 3000 km par an…
Le régulateur de tension électrique est là.

Le tableau de bord multi-fonctions (ordinateur de bord avec tout ce que vous voulez…), bourré d’électronique dans un boîtier hélas en plastique chromé. La clé de contact codée prend place sur le réservoir, au centre d’une console chromée en plastique aussi… Les tuners ne manqueront pas de remplacer çà par de l’alu brossé ou poli, ou une belle tôle chromée.

C’est là qu’on trouve les fameux boutons A et B de gestion du moteur. A mode normal. B mode moins puissant, pouvant convenir sous la pluie ou en ville. On passe de l’un à l’autre à l’arrêt, moteur au ralenti. Si tu essaies en roulant, çà ne switche pas. En mode B les montées en régime sont simplement plus lentes et la moto plafonne à une vitesse inférieure. En ramenant la moto lundi sous la pluie, j’ai apprécié ce mode sécurisant. Manquait l'ABS... On imagine sans peine l’usage que pourront en faire les bidouilleurs d’électronique : A mode normal, tout va bien M’sieur l’agent… B tu vas à Carole, circuit fermé, full power 183 chevaux, tu taxes les GSXR et autres R1 multicolores…

La moto de l'essai

Immatriculée fin août 2007, elle totalise 8600 km. C'est l'une des 2 B-King qui ont ouvert la route du Dark Dog Moto Tour, pilotées par des gendarmes. Largement rodée donc et en pleine possession de ses moyens ! Suzuki l'a révisée et a remis des pneus et plaquettes de frein neufs avant de nous la prêter. Les traces sur le guidon sont celles du road book. Sinon, la moto est impeccable. Quelle puissance fait cette moto ? Au club on est perplexe. On a quelques machines bien réglées dont on est sûrs, passées au banc et avec ce qu’il faut. Là çà paraît très au delà… Pas les 183 ch de la full, mais plus que les nôtres et en tout cas bien plus que les 106 ch annoncés, au moins sur les 5 premiers rapports. A 5000 t/mn t’es à 150 compteur. Il est peu problable qu’elle monte au régime maxi de 10500 t/mn en 6ème, d’autant qu’elle commence à se calmer vers une certaine vitesse, la prudence nous ayant dissuadé de chercher à savoir. Au début tu cherches la 7ème dès 4 ou 5000 tours, avant de découvrir que le rapport engagé s’affiche au compteur. D’ailleurs la moto pousse tellement dès les plus bas régimes qu’il est inutile de chercher à grimper dans les tours.

A la conduite

Les toutes premières sensations quand on vient du Vmax : on est de suite à l'aise, en dépit du gabarit impressionnant, la prise en main est aussi facile qu'une MT-01. Ce qui surprend le plus au début est le freinage, vraiment hyper puissant et apparemment on-off, délicat à doser. Tu te demandes si tu vas bloquer ou passer par dessus ! Il faut réapprendre à freiner et complètement rééduquer ses réflexes sous peine de mauvaise surprise si la route est glissante. Après tout va bien, le freinage se révèle facile à doser d’une simple caresse. Le frein arrière est inexistant en comparaison. Ensuite le moteur, quelle allonge ! Sur le premier bout droit qui se présente, 4 voies d'autoroute dégagées, coup d'oeil au compteur digital sur un filet de gaz, quoi ? On est tellement bien assis et calé, penché sur l'avant, qu'on résiste au vent sans effort et qu'on se retrouve de suite en situation de délit grave, va falloir faire vraiment attention... Bien que ce soit un roadster, l’aérodynamique paraît soignée.

L’habitude venant, la moto se révèle d’un comportement sans faille pour un motard normal. Elle se place au millimètre dans les pif-paf-pif de rond-points, on se régale en grande courbe, elle avale toutes les inégalités sans broncher, l’amortissement est remarquable, même sur les ralentisseurs. Là où t’es sur la prudence en Vmax, plus aucune inquiétude sur la B-King, va simplement falloir faire attention au différentiel de vitesse si rapidement créé avec les autres véhicules. Seuls regrets, ne pas l’avoir testée à Carole et avec un cuir sur un bon bout droit !

En terrasse

La terrasse, lieu de prédilection pour tout Vmaxiste, et pas seulement ceux du sud. D’abord faut trouver la béquille latérale, on peut accrocher le sélecteur et mettre la première à la place. Pas de béquille centrale, au garage faudra investir dans un cric de stand. Le grand guidon facilite les manœuvres à l’arrêt d’une machine dont le poids ne nous paraît pas élevé ni haut placé (235 kg à sec). Aux Vaux de Cernay, repaire tarmos bien connu, la machine attire tous les regards motards, normal pour une nouveauté. On aime ou on déteste. En ville, par rapport à un beau Vmax elle reste discrète, autant que son feulement, législation oblige.

L’avis des passagères

Ceux du club qui étaient venus en couple devaient l’essayer en couple. Seule Dany s’y est aventurée. Préférence unanime pour le Vmax, doté d’une vraie selle et de repose pieds caoutchoutés placés bas, de poignées de maintien, sans parler du sissy bar, un accessoire qu’on n’imagine même pas sur la B-King. Sur celle-là, la passagère beaucoup plus haute que le pilote à l’air d’un sac à dos perché (pardon Dany), se demandant comment elle va pouvoir résister aux diverses forces aérodynamiques et de gravité, sauf à s’accrocher désespérément à son compagnon… Gaffe qu’elle ne vous vole pas par dessus au premier freinage appuyé… J’en connais au moins une que çà a carrément rebuté. La B-King est taillée pour les plaisirs solitaires, sa mini-selle passager à 1 mètre du sol (mesurés, 86 cm sur un Vmax) et ses cale-pieds à 60 cm du sol (42 cm sur Vmax) n’autorisant l’emport de passagère que de petit format et sur de courts trajets. C’est un handicap, à 14000 euros le bout çà troue le budget des ménages et votre moitié à le droit de profiter de votre moto aussi.

Et encore

Pour le pilote par contre tout va bien, bien calé contre le dosseret, prêt à encaisser n’importe quelle accélération, va y en avoir besoin. La B-King ne vous allonge pas les bras comme un Vmax, elle vous tasse les vertèbres en vous comprimant contre le dosseret de selle… Seuls les tibias trop longs ont du mal à se loger sous les écopes.

Côté conso, la B-King est logée à la même enseigne que le Vmax, appétit d’ogre si on ouvre et réservoir d’oiseau, 16 litres ! L’icône pompe clignote souvent au tableau de bord, mais une vraie jauge à essence et l’ordinateur de bord permettent d’anticiper.

Aucun problème pour circuler dans Paris avec un tel engin, on est assis assez bas et la souplesse du moteur facilite les évolutions.
    Visite de Bike Colors Racing près de Chartres le samedi, par le bureau du club.
 
Le dimanche, le club avait imaginé un parcours alliant autoroute et petites routes de la vallée de la Seine jusqu’à Château-Gaillard, un site historique à la mesure des kings Vmax et B-King.
 
Vouiiine-Vouiiine au pays des Broaaar-Broaaar
Nos joyeux essayeurs d'un jour
Gilles, un vmaxiste local, nous a rejoint à Château-Gaillard.
     
 
Photos Thierry
Changement de pilote
Paparazzi

Interview de François Etterle, Directeur Commercial Moto et de Pierre-Laurent Feriti, Responsable Communication Moto chez Suzuki France.

Tous deux sont évidemment des motards aussi passionnés que nous.

A qui s'adresse la B-King ?
Elle s'adresse aux motards expérimentés et aisés, établis dans la vie. La B-King est un roadster d'image, destiné à ceux qui veulent un muscle bike à sensations. Ce sont des motards abandonnant soit la sportive pour mieux s'insérer dans la circulation aujourd'hui (et garder leur permis) soit la custom qui manque de confort, quelle qu'en soit la marque.

A 14000 euros, vous comptez en vendre combien et pendant combien de temps ?
On table sur 1000 à 1200 par an sur 4 à 5 ans. (Nota : le Vmax a effectivement atteint et dépassé ces chiffres les 4 meilleures années de ses 18 ans d'existence en France).

Pensez vous qu'elle va marquer son époque ?
Oui, certainement.

Des évolutions sont elles prévues ou bien va-t-elle rester figée ?
Un produit doit évoluer dès que les ventes fléchissent. Mais l'Hayabusa par exemple n'a évolué qu'au bout de 8 ans.

Pourquoi n'a-t-on pas été plus loin avec l'électronique : ABS, contrôle de traction, régulateur de vitesse, etc. ?
Elle va recevoir l'ABS. Elle propose 2 modes de conduite, A et B, le mode B est adapté à la conduite sous la pluie par exemple, afin d'éviter le patinage même si vous accélérez à fond. C'est une forme de contrôle de traction. Pour le régulateur, nous pensons que le motard doit se sentir libre sur la machine.



Le jour décline sur Château-Gaillard, on rentrera à la nuit tombée. Le tableau de bord prend une jolie couleur…

Conclusion

Avec cette B-King, Suzuki a réussi un coup de maître. En la dérivant de l’Hayabusa bien connue et dont la réputation n’est plus à faire, ils l’installent d’entrée dans la cour des grands. Industriellement c’est astucieux : même cadre, même moteur, doivent la monter sur la même chaîne… rentabilité. Va falloir s’y faire, notre Vmax a vieilli. Normal pour une moto de 1986. Même en y mettant l’arsenal bien connu, Vboost, Dynojet, fourche inversée, roues de 17… T’as de toute façon 50 kilos de plus à traîner, à freiner, à virer, avec le cadre tubulaire qu’on connaît. Rien à faire. Notre Vmax restera à tout jamais une moto de légende d’une beauté sculpturale et indémodable, magnifique exercice de style toujours inégalé qui fut exposé au Musée d’Art Moderne de Bilbao. Rien ne sert de vouloir le comparer à la B-King. Tu compares pas une Commando ou une Bonneville avec une R1, ce qui n’enlève rien à la magie et au palmarès des premières. Si t’as un Vmax stock, garde le, pièce de collection inestimable et attend voir le nouveau Vmax. La barre est placée haut, en performances comme en prix (on est largement sous la barre des 15000 euros), et on espère que Yamaha saura relever le défi technique et industriel pour en faire profiter le plus grand nombre et ne pas se cantonner dans l’élitisme. Le proto déjà vu, le style GK Design et les bruits qui courent laissent espérer le meilleur… en V4. Avec l’électronique on peut tout espérer, commandes de gaz et d’embrayage électriques, boîte robotisée, shifter, cruise control, ABS, contrôle de traction, pression des pneus au tableau de bord, mise en route mains libres avec la « clé » plate de contact rangée dans la carte grise… Toutes ces technos sont disponibles en automobile, deviennent indispensables par sécurité face aux puissances annoncées, et il n’y a pas de raison de ne pas les retrouver en moto. Cette B-King ne fait que préfigurer le roadster ultime dont on espère qu’il sera frappé du V4.

Ont participé à cet essai : Patrice, Président du Club et Catherine, Yohann, Michel, Thierry et Gabrielle, Gilles et Danny seule à oser monter en passagère sur la B-King, Yann, Pierre de Rouen, le web et Sylvia (au statique seulement !).